À la conquête du Saint-Siège

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Par Christophe Perron-Martel
mardi 26 février 2013
À la conquête du Saint-Siège
(Crédit illustration: Mélaine Joly)
(Crédit illustration: Mélaine Joly)

Le pape Benoît XVI a annoncé sa démission le 10 février dernier. C’est la première fois en 600 ans qu’une telle renonciation se produit. Des professeurs de la Faculté de théologie de l’UdeM estiment que le prochain pape devra s’ouvrir sur le monde.

Le professeur à la Faculté de théologie et de sciences des religions à l’UdeM Fabrizio Vecoli souligne l’aspect fascinant de l’événement. « La démission du pape m’a étonné, affirme-t-il. C’est un événement historique qui ne manquera pas de faire couler de l’encre. » M. Vecoli pense que l’état de santé de Benoît XVI ne justifie pas une telle décision. Selon lui, des manœuvres en coulisse ont poussé Benoît XVI hors du trône.

Le doyen de la Faculté de théologie et de sciences des religions, Jean-Claude Breton, ne partage pas l’avis de M. Vecoli. « Il y a beaucoup de spéculations autour de la démission du pape, mais je ne pense pas que Benoît XVI ait abdiqué aux pressions internes du Vatican, soutient M. Breton. C’est quelqu’un qui avait un sens du devoir. Il était lucide, il savait qu’il n’avait plus l’état de santé nécessaire pour gouverner. Il en avait d’ailleurs déjà parlé il y a un an. »

Marc Ouellet comme successeur ?

À l’instar de M. Vecoli, la professeure de théologie de l’UdeM Denise Couture souhaite que le prochain pape soit plus progressiste et moins conservateur. Elle se dit rassurée que cet homme, qui a tenu des propos choquants, démissionne. « « La femme est une autre », c’est ce qu’il a dit. On n’est pas habitué d’entendre ça en Occident. On a besoin de sortir de cette position patriarcale et dogmatique », affirme-t-elle.

Concernant la possibilité que le cardinal Marc Ouellet succède à Benoît XVI, elle affirme que ce n’est pas souhaitable et qu’avec lui, il n’y aurait aucun changement de vision. Même son de cloche chez Jean-Claude Breton.  « Je ne veux pas que Ouellet soit nommé. Je ne pense pas qu’il va changer l’Église catholique, affirme le doyen. Il est parmi les candidats qui ressemblent le plus à Benoît XVI. Les deux hommes se connaissent bien d’ailleurs. »

Un pape plus ouvert sur le monde

Même si les avis sont partagés, tous s’entendent pour dire que le nouveau pape devra être tolérant et empathique à la diversité du monde. « Il faudrait un pape plus sensible à la souffrance humaine, plus ouvert sur le monde », croit Fabrizio Vecoli. « Le nouveau pape doit donner plus d’autonomie aux églises à travers le monde », renchérit Denise Couture.

Jean-Claude Breton considère, quant à lui, que le défi majeur du nouveau pape sera de gérer l’Église catholique dans sa diversité tout en assurant son unité. « Les pays sont différents et ils ont des histoires différentes », commente-t-il. M. Breton compare l’Église à une famille. « Les bons parents savent que leurs enfants ne sont pas pareils pourtant ils les aiment tous, mais différemment », croit-il.

L’épineux dossier des agressions sexuelles

Selon Mme Couture, le nouveau pape devra aussi gérer avec plus de transparence le dossier des agressions sexuelles commis par des prêtres. « Le message du christianisme, c’est un message de pardon, juge le membre de l’équipe UdeM des Groupes bibliques universitaires et collégiaux du Canada (GBUC) Joël Cornuz. Le Vatican doit reconnaître ses torts et demander pardon aux victimes. »

Bien qu’il n’ait pas réussi à éradiquer le phénomène, Benoît XVI  aurait, selon M. Breton, déjà pris de nombreuses mesures. « Le Vatican, avant lui, changeait tout simplement d’église les prêtres accusés d’agressions sexuelles, juge le doyen de la faculté de théologie. Benoît XVI a instauré la tolérance zéro. Il a pris position en faveur de la protection des victimes. Il a posé des gestes concrets, ce que n’avait pas fait Jean-Paul II. »

Le pape démissionnaire a publié plusieurs livres, dont Jésus de Nazareth. Il a beaucoup abordé les thèmes de l’amour et de l’espérance dans ses œuvres.