Culture

Le Nouvel Ensemble Moderne est composé de 13 musiciens permanents et produit chaque année une série de concerts à Montréal. Crédit photo : Faculté de musique de l'UdeM

Au revoir, Mme Vaillancourt

«Son apport est énorme à la musique contemporaine ici », indique le professeur de musicologie à l’UdeM, Jonathan Goldman. Mme Vaillancourt dirige l’atelier de musique contemporaine de l’UdeM, en plus d’un ensemble professionnel en résidence à l’Université, le Nouvel Ensemble Moderne (NEM). « C’est un ensemble qui jouit d’une grande réputation à travers le monde, car il fait des tournées, d’importantes résidences en France et il a créé des œuvres de compositeurs de renom », poursuit M. Goldamn. Mme Vaillancourt est également régulièrement invitée à diriger des orchestres et ensembles dans le monde, comme l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre Gulbenkian de Lisbonne ou encore l’Orchestre national de la RAI de Turin.

 

Après une formation au conservatoire de Québec et des études en France, Mme Vaillancourt rejoint les rangs de l’UdeM comme étudiante libre en 1970. Son intérêt pour l’Université a un nom : le chef d’orchestre et professeur, Serge Garant. « Pour moi, c’était une personne phare dans le milieu de la musique contemporaine à Montréal ; il dirigeait et il aimait la musique que j’aimais et que j’avais aussi envie de diriger, explique Mme Vaillancourt. Je suis venue à la Faculté pour me rapprocher de lui et le voir travailler. »

M. Garant a créé et dirigé un atelier de musique contemporaine à l’UdeM qui, selon M. Goldman, était à ses débuts très peu suivi par les étudiants. Parmi ceux-ci toutefois, une élève intéressée : Mme Vaillancourt, qui prendra les rênes de l’atelier en 1974. « Serge Garant a bien vu que j’étais “dans mon salon?, dit-elle. Je pensais y rester quatre ou cinq ans, mais évidemment, plus de quarante ans après, je suis toujours là. » La professeure a repris l’initiative à sa façon, et les étudiants viennent surtout pour travailler les œuvres de façon prolongée.

La professeure s’est fait un point d’honneur de s’éloigner des classiques. « Je vais plutôt dans le sens de l’exploration, choisir des compositeurs complètement obscurs, à la découverte de partitions qui s’inscrivent vraiment dans le sens de la modernité, présente-t-elle. Cela devrait être naturel de travailler la musique de nos contemporains. Cela dit, ça ne l’était pas à mes débuts, ça ne l’est toujours pas aujourd’hui. »

En plus de l’atelier, Mme Vaillancourt a cofondé en 1989 le NEM, dont plusieurs membres fondateurs sont des élèves issus de l’atelier. Depuis sa création, une saine cohabitation s’est forgée entre les deux entités. « C’est une sorte de vase communicant, car il y a un va-et-vient entre eux, explique M. Goldman. Il y a un rapport intime ; c’est d’ailleurs pour ça que les deux entités joueront ensemble pour le concert du 17 avril. »

Un concert d’adieux

Le concert sera l’occasion de voir une création originale, écrite en hommage à Mme Vaillancourt, de l’étudiant au doctorat en composition à l’UdeM Gabriel Guimaraes Penido. « La pièce est la représentation musicale de l’histoire d’une vie, qui est toujours en cours et en évolution, décrit l’étudiant. Il y a une ligne constante, au début, qui est comme le fil de la vie, puis il y a des éléments qui viennent s’ajouter à la musique, comme les jalons qui motivent, transforment ou qui marquent l’histoire d’un individu. »

Il s’agit de la deuxième œuvre que l’étudiant compose pour l’atelier. « Aujourd’hui il y a beaucoup de jeunes compositeurs qui refont ce qui a été fait, on est dans une période très sage en général, que j’appelle période « bac bleu?, relate Mme Vaillancourt. Il faut l’audace et la volonté de rester dans la modernité, d’arriver à avoir une voix personnelle et pas juste faire des œuvres de collage, qui récupèrent toutes les bonnes recettes prises à gauche et à droite. En ce sens, Gabriel Penido est dans cette lignée des modernes. »

Mme Vaillancourt ne quitte pas définitivement les murs de l’UdeM, puisque le NEM reste toujours en résidence. « On continue de faire des ateliers avec la classe de composition, et des séminaires sont aussi offerts autour de nos activités, dit-elle. Je passe juste d’une résidence principale à une résidence secondaire, c’est ma carrière d’enseignante qui ralentit. »

Les retombées de l’atelier sont pour Mme Vaillancourt individuelles à chaque étudiant, mais le plaisir mélangé à la rigueur fait partie des retours qu’elle reçoit. S’il y avait un legs selon elle, ce serait d’avoir donné le goût pour la complexité des choses, tout en prenant le temps de les étudier.

Concert d’adieux à Lorraine Vaillancourt

Dimanche 17 avril | 17 h

Salle Claude-Champagne | Faculté de musique | Gratuit

Partager cet article