Programme d’expérience québécoise (PEQ) : le gouvernement annonce une clause de droit acquis

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Par Edouard Ampuy
mercredi 6 novembre 2019
Programme d’expérience québécoise (PEQ) : le gouvernement annonce une clause de droit acquis
La mobilisation contre la réforme du PEQ a réuni le monde étudiant et universitaire, les enseignants, les syndicats, et les partis politiques de l’opposition. (Crédit photo : Wikimedia Commons I Taxiarchos228)
La mobilisation contre la réforme du PEQ a réuni le monde étudiant et universitaire, les enseignants, les syndicats, et les partis politiques de l’opposition. (Crédit photo : Wikimedia Commons I Taxiarchos228)
À la suite de la forte mobilisation de ces derniers jours face à la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration Simon Jolin-Barrette a déclaré que les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires déjà présents sur le territoire à la date du 1er novembre bénéficieront d’une clause de droits acquis.

« Dans le cadre du PEQ au niveau du volet diplômés ainsi qu’au niveau du volet travailleurs étrangers temporaires, je vais mettre en place une clause de droits acquis qui va s’appliquer à l’ensemble des personnes qui étaient déjà admissibles dans le cadre du PEQ », a indiqué le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec ce mercredi matin, lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale. 

Avec cette marche arrière, M. Jolin-Barette a expliqué vouloir répondre aux préoccupations et aux inquiétudes des étudiants étrangers présents au Québec. « Ils vont pouvoir soumettre leurs candidatures aux mêmes conditions qu’avant le 1er novembre », a-t-il précisé.

Cette annonce survient après que des associations étudiantes et des étudiants aient témoigné, la veille, de leur mécontentement face à la réforme du PEQ, annoncé le 30 octobre dernier. M. Jolin-Barette a souligné avoir entendu les témoignages dans les différents médias. « C’est justement parce que je suis sensible à la réalité des gens aujourd’hui que j’apporte certaines modifications », a-t-il justifié.

Les associations étudiantes comme l’Union étudiante du Québec (UEQ) et la FAÉCUM ont salué la décision du ministre, tout en continuant de demander le retour à l’ancien PEQ. « Ce n’est qu’un premier pas, a publié la FAÉCUM ce mercredi matin sur sa page Facebook. La FAÉCUM continue de demander que le gouvernement de la Coalition Avenir Québec fasse marche arrière sur sa réforme du PEQ. »

 

La mobilisation du milieu étudiant

Hier, plusieurs étudiants ont fait savoir leur déception face à la réforme du PEQ lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale. « Je ne veux pas rentrer en France, je veux rester au Québec, et je veux faire partie de cette société », a clamé l’étudiante en science politique à l’UdeM Claire de Muns.

Une autre étudiante française au Québec, Élisa Clément, a rappelé que ces décisions ont un effet sur le quotidien des personnes touchées. « Il y a des humains derrière ça, et pas juste des chiffres, a-t-elle scandé. Il y a des vies. »

Dans une lettre ouverte publiée ce mardi dans La Presse, la Fédération étudiante collégiale du Québec, l’UEQ et Force jeunesse ont fait part de leur opposition aux changements préalablement apportés au PEQ. « Il n’y a pas de meilleures candidatures à l’immigration que les personnes qui ont été formées dans nos universités et collèges, qui vivent en terre québécoise depuis de nombreuses années et qui ont déjà un réseau professionnel et social », peut-on y lire. Les trois organisations étudiantes expliquent que ces modifications affecteront considérablement les inscriptions à venir dans le réseau collégial et universitaire du Québec.  

Le recteur de l’UdeM, Guy Breton, a également exprimé son inquiétude hier en affichant un texte sur le site de l’Université, dans le carnet du recteur. Il explique que selon la liste de domaines admissibles publiée par le gouvernement, seule une minorité des étudiants étrangers qui fréquentent l’UdeM seraient admissibles au PEQ. « J’inviterais le gouvernement, respectueusement, à reconsidérer l’idée même d’une liste de programmes admissibles au PEQ », propose-t-il.

Le Bureau de coopération interuniversitaire ainsi que la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec ont également publié hier des communiqués fustigeant la réforme du PEQ.

Les partis d’opposition, le Parti libéral québécois, Québec solidaire et le Parti québécois (PQ) ont aussi fait front commun pour demander un recul du gouvernement sur sa décision.