Éclairer avec des faits

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Par Marianne Castelan
jeudi 21 mars 2019
Éclairer avec des faits
L'Observatoire organisera son premier événement officiel le 16 avril. Photo : Pixabay.com
L'Observatoire organisera son premier événement officiel le 16 avril. Photo : Pixabay.com
Le doctorant en science politique à l’UdeM Nicolas Zorn est à la tête du nouvel Observatoire québécois des inégalités. Officiellement lancé mi-mars, le laboratoire a pris ses quartiers à l’Université. Sa mission : rassembler la recherche liée aux inégalités au Québec et la diffuser, tout en maintenant une indépendance absolue face aux décideurs publics.

« Les défis sont certainement grands, importants, et ils méritent tout à fait d’être relevés », indique la professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’UdeM et membre du conseil d’administration de l’Observatoire, Tania Saba. Titulaire de la chaire BMO en diversité et gouvernance, Mme Saba mène des recherches dans des domaines proches de ceux abordés par l’Observatoire. Selon elle, celui-ci offrira de nouvelles possibilités intéressantes aux acteurs du débat public.

« L’Observatoire a une approche très originale, dans le sens où il revêt la caractéristique de ce qu’on appelle le Fact Tank », observe l’ancienne doyenne de la Faculté des arts et des sciences, précisant qu’il se distinguera des Think Tanks, ou groupes de réflexion, par son caractère objectif et neutre. La professeure précise que l’objectif, qui se concentrera sur les inégalités de revenus, d’opportunité et de qualité de vie, est de recenser les recherches et études scientifiques reposant sur des données probantes, sans avoir de parti pris.

« Pour la démocratie, c’est important que lorsque des acteurs de la société prennent des décisions, elles soient éclairées par des faits », enchérit M. Zorn, avant d’ajouter que pour lui, l’Observatoire répond à un réel besoin au Québec. Selon lui, la société québécoise pourrait gagner à adopter ce qu’il désigne comme le réflexe scandinave. « Lorsque les Scandinaves ont un enjeu de société qui se présente, le premier réflexe, c’est de se poser la question : “Que disent les chiffres ? Que disent les faits ?” » explique-t-il. M. Zorn détaille qu’ensuite, les Scandinaves partent de la connaissance scientifique pour cadrer les débats publics.

Le directeur de l’Observatoire dit également regretter la montée du scepticisme envers les connaissances scientifiques, qui, lorsque discréditées, finissent par retarder le débat public. « Ça devient une espèce de relativisme absolutiste où tous les arguments se valent, de “je prends les arguments qui font mon affaire” jusqu’à “la Terre est plate” », illustre M. Zorn.

Tirer parti de la diversité

Selon Mme Saba, le principal défi sera de mettre en place des mécanismes pour refléter la diversité d’opinion, de recherche et d’approche en ce qui concerne les enjeux liés aux inégalités. « Il s’agit de questions d’une très grande sensibilité, et aussi d’une très grande importance, insiste-t-elle. Tant sur le plan social, sur le plan économique, sur le plan légal ou sur le plan individuel. »

Sur son site Internet, l’Observatoire possède une Déclaration des fondatrices et fondateurs de l’Observatoire, qui établit les grands principes de l’organisme, à savoir : recherche, diffusion et indépendance. « Les personnes qui ont signé la Déclaration, ce sont des gens qui viennent de partout dans la société, assure M. Zorn. Nous avons des partenaires financiers qui viennent à la fois des milieux public, privé, philanthropique, universitaire et institutionnel. » Il indique que cette diversité garantira l’indépendance du laboratoire.

Le professeur titulaire au Département de philosophie de l’UdeM, Peter Dietsch, fait partie de ces signataires. « C’est important que le dialogue sur les inégalités inclue plusieurs parties prenantes, de la population générale, par l’intermédiaire des chercheurs, aux décideurs politiques, souligne M. Dietsch. L’Observatoire est idéalement placé pour jouer un rôle charnière dans ce dialogue. »

Situation UdeMienne

« Notre relation avec l’UdeM est spéciale, bien qu’on en soit indépendant, résume M. Zorn. Les formes que ça va prendre, ce sont une professeure de l’UdeM qui siégera au conseil d’administration et deux autres professeurs qui siégeront à notre conseil scientifique. » Il ajoute que les professeurs chercheurs de l’Université bénéficieront d’un accès à une organisation pour diffuser les résultats de leurs recherches.

« L’une des façons dont nous allons faire bénéficier la communauté de l’UdeM de ces ressources, ce sont les bourses de stage en milieu pratique qui s’adressent à tous les étudiants des universités québécoises et qui sont offertes conjointement avec le Fonds de recherche québécois société et culture », dit-il. Le directeur de l’Observatoire précise que quatre bourses de stages d’une durée de six mois seront attribuées cette année, et que dix sont prévues en 2020.   

M. Zorn explique avoir choisi l’UdeM comme emplacement de l’Observatoire pour diverses raisons. « Je pense que c’est ce qui peut concorder le mieux avec nos ambitions et avec notre vision des choses », précise-t-il, avant d’évoquer les relations existantes avec différents départements et la disponibilité de locaux permettant d’accueillir des stagiaires.