Le cerveau après plusieurs commotions

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vendredi 25 novembre 2016
Le cerveau après plusieurs commotions
Crédit Photo : Pixabay)
Crédit Photo : Pixabay)
Si une commotion peut arriver de façon anodine, ce n’est jamais un évènement banal. Après une bonne période de repos, le cerveau peut bien récupérer, mais qu’en est-il si plusieurs commotions ont lieu??

« Il n’y a pas de commotion légère?! », a affirmé Docteur Louis de Beaumont dans une conférence grand public chapeautée par l’Association québécoise des neuropsychologues (AQNP). Longtemps, les médecins et les chercheurs ont pensé que la sévérité des symptômes et la perte de conscience après une commotion prédisaient les effets à long terme. Pourtant, ce n’est pas le cas, puisque perdre conscience pendant 2 ou 10 minutes, ou même ne pas perdre conscience, n’indique en rien l’évolution des symptômes.

Après une commotion, le cerveau tente de rétablir l’équilibre entre le besoin en glucose et un faible débit sanguin au moment où certaines cellules nerveuses meurent (apoptose). Ce processus se nomme « cascade neurométabolique ». Après un certain délai (7 à 14 jours selon les études), la plupart des cellules qui ont survécu vont récupérer. La période de repos est donc primordiale pour éviter le phénomène du second impact.

Conséquences à long terme

Lorsqu’un cerveau subit plusieurs commotions, les symptômes ont tendance à s’aggraver; le risque de faire une autre commotion augmente et le cerveau s’en remet moins bien. L’attention, la concentration et la rapidité à laquelle l’information est traitée et manipulée en mémoire diminuent de façon importante.

Le récent film Concussion, inspirée d’une histoire vraie, met également en lumière les conséquences à long terme de coups répétés à la tête chez des joueurs de football américain. Effectivement, ces athlètes ont souffert d’encéphalopathie traumatique chronique, une forme de maladie neurodégénérative entrainant des symptômes comportementaux et psychologiques graves. Par exemple, ces athlètes sont devenus agressifs, impulsifs et ont eu des pertes de mémoire. En ce sens, Dr de Beaumont affirme que les athlètes ayant eu plusieurs commotions sont cinq fois plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer, que ceux n’en ayant jamais subi.

Nouvel outil diagnostique

Dans son laboratoire, Dr de Beaumont cherche à développer un outil qui permettrait d’identifier à coup sûr si oui ou non un athlète vient de subir une commotion. Cet outil serait basé sur les principes de l’apprentissage automatique (le « machine learning »), champ d’études associé à l’intelligence artificielle.

L’algorithme informatique de l’outil identifierait des faisceaux précis de matière blanche liés à la commotion cérébrale. La matière blanche constitue le réseau de communication de l’influx nerveux entre les différentes régions du cerveau. Si la matière blanche est atteinte, la rapidité de transmission de l’information est diminuée. Puisque certains tests cognitifs et physiques peuvent s’avérer normaux, la pertinence d’un outil plus précis comme celui-ci serait très utile.

Prévention

Le message du Dr de Beaumont est surtout de ne pas se fier aux athlètes pour dire s’ils sont prêts à retourner jouer. Selon lui, nous devons prendre la responsabilité, en tant que parent ou société, de la santé des jeunes athlètes pour éviter les conséquences à plus long terme lors du vieillissement. Même si le retour au jeu est maintenant plus prudent, il est important de prévenir aussi la fréquence des commotions. La doctorante en neuropsychologie de l’UdeM, Stéphany Denault souhaite d’ailleurs développer un programme adapté aux athlètes et s’est demandé pourquoi les joueurs, en toute connaissance de cause, retournaient quand même au jeu.