Hollywood et la représentation de la diversité

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Par Frédéric Bouchard
jeudi 26 mars 2015
Hollywood et la représentation de la diversité
Le cinéaste Justin Samien remportait le prix du « US Dramatic Special Jury Award for Breakthrough Talent » au Festival du Film de Sundance en 2014.
Le cinéaste Justin Samien remportait le prix du « US Dramatic Special Jury Award for Breakthrough Talent » au Festival du Film de Sundance en 2014.
Dans le courant de la semaine, un article écrit par la journaliste américaine Nellie Andreeva et paru sur le site d'informations Deadline a causé de vives réactions sur le Web. L’auteure y dresse le portrait d’une nouvelle vague d’acteurs qui font partie de minorités ethniques et qui ont accès à de nombreux rôles principaux dans les téléséries américaines. Pourquoi la situation du cinéma américain est-elle cependant toute autre?

En effet, il est surprenant de constater que le monde télévisuel offre une plus grande richesse dans la représentation des personnages mis en scène que le médium cinématographique. Le site Bitchflicks cite une étude effectuée par l’éditeur LEE & LOW BOOKS. Les 100 films fantastiques et de science-fiction les plus rentables de l’histoire répertoriés permettent d’observer ces conclusions : 14 % d’entre eux mettent en scène un protagoniste féminin, 8 % montrent un acteur « de couleur » et 0 % présente un personnage LGBTQ. Évidemment, ces chiffres illustrent le problème d’un genre cinématographique spécifique. L’épisode des nominations à la 87 édition des Oscars, où tous les acteurs, actrices et réalisateurs nommés dans les catégories les plus prestigieuses étaient blancs,  a pourtant révélé le plus grand manque de diversité de l’Académie en 20 ans.

La journaliste britannique Monika Bartyzel publiait le 22 août 2014 dans le magazine The Week  un  article intéressant sur les moyens que le cinéma pourrait prendre pour ressembler davantage à la télévision en ce qui a trait à la représentation de la diversité. Elle propose cinq manières : engager divers producteurs, productrices et réalisateurs ou réalisatrices, soutenir les projets présentant un personnage principal féminin, dépeindre les femmes avec un « pouvoir professionnel », provoquer l’interaction entre les femmes, et enfin, offrir une diversité, tout simplement. Non seulement l’auteure suggère un changement idéologique, mais elle incite à une véritable révolution économique.

C’est à travers le circuit indépendant que peuvent se positionner les artisans pour arriver à cette « révolution ». Lors du dernier Festival du Film de Sundance, qui célèbre précisément les films indépendants, la diversité a régné. Des films de femmes cinéastes comme Marielle Heller, Jennifer Phang et Anne Sewitsky ont laissé une forte impression. La communauté LGBTQ a également été représentée notamment par des films comme Dope de Rick Famuyima, I Am Michael de Justin Kelly et Nasty Baby du cinéaste chilien Sebastian Silva. La réalisatrice québécoise Sophie Deraspe a même présenté en première mondiale son plus récent documentaire Le profil Amina. Le film suit les conséquences de la relation virtuelle entre une révolutionnaire Américano-Syrienne et une jeune Montréalaise.

Lors d’une entrevue pour le site de divertissement américain TheWrap, l’acteur et réalisateur Robert Redford – aussi l’un des créateurs du célèbre festival – a  affirmé que « la diversité était essentiellement une description de l’indépendance ». Est-ce dire que cette forme de représentation n’est possible que dans un système alternatif ? Ou le cinéma américain peut-il réellement subvertir la mode de l’homme blanc comme principal protagoniste mis en scène? Comme l’a puissamment évoqué la réalisatrice Ana Duvernay à TheWrap : la représentation de la diversité « is an active choice ».