Street Fighter et cadavres exquis

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Par Marie-France Mercier
vendredi 5 décembre 2014
Street Fighter et cadavres exquis
Le cadavre exquis peut aussi se jouer en juxtaposant des images ou des mots découpés dans des revues, des publicités ou des journaux.
Crédit photo : flikr/charlesmchen
Le cadavre exquis peut aussi se jouer en juxtaposant des images ou des mots découpés dans des revues, des publicités ou des journaux.
Crédit photo : flikr/charlesmchen
Avec les partys de fin session qui approchent, je vous propose quelques jeux littéraires, de quoi revisiter ses classiques entre amis. Peut-être pourrez-vous mettre en application des connaissances acquises lors de cette session, sait-on jamais!

Divers jeux littéraires sont envisageables pour les fêtes, et, en fonction du jeu choisi, plusieurs habiletés peuvent être sollicitées chez les joueurs : mémorisation, créativité et même dextérité. On n’a pas toujours besoin d’être fin connaisseur de littérature ; on peut très bien s’appuyer sur des connaissances de base et sur quelques lectures passées.

 Les jeux indémodables

Difficile d’oublier l’héritage laissé par les auteurs surréalistes, dont le jeu littéraire cadavre exquis. C’est un jeu dans lequel les participants inscrivent et cachent une portion de phrase avant de plier le papier et le faire suivre. Les résultats sont bien cocasses.

Le jeu des analogies, quant à lui, se présente sous la forme d’un formulaire d’identité à remplir. Nom, date de naissance, profession, signes particuliers sont à fournir. Comme dans bien des jeux surréalistes, les réponses loufoques et inconscientes sont bienvenues. 

L’inventivité est également nécessaire dans le jeu des syllogismes. En équipe de trois, il s’agit tout simplement de créer des raisonnements, fonctionnels ou non : « La Nuit, tous les chats sont gris / Or le vampire n’a qu’un vol limite? / Donc le progrès est un mythe ».

Le groupe de l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle, groupe littéraire constitué dans les années 60) a également légué foule de jeux littéraires, essentiellement basés sur la contrainte et sur les jeux de mots. Allez jeter un oeil sur le jeu S+7 de Jacques Roubaud et les détournements de Raymond Queneau!

Raymond Queneau détourne ainsi la poésie de Nerval : « Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, / Le prince d’Aquitaine à la tour abolie»devient « Je suis le tensoriel, le vieux, l’inconsommé / Le printemps d’Arabie à la tourbe abonnie».

Les Misérables à la manière Street fighter

Si on veut revisiter son Victor Hugo et ses jeux de combat des années 80, le jeu vidéo Arm Joe est tout indiqué. Le principe du jeu japonais reprend exactement la formule de Street fighter. Il s’agit de combats à mort entre les divers personnages des Misérables : Marius, Cosette, Valjean et autres. Chaque personnage est représenté dans l’esprit du livre et avec des combos d’attaques différentes. La lecture de Hugo n’est pas préalable.

C’était dans quoi déjà ?

C’est dans quoi déjà ? est un jeu qui a été lancé en 2011 par la célèbre maison d’édition française Gallimard. Les questions portent sur des personnages, des titres, des auteurs ou encore des œuvres. Elles sont aussi relatives à des œuvres publiées chez Gallimard ou dans les collections NRF et Série blême.

Le répertoire des œuvres renvoie surtout à la littérature française (Diderot, Camus, Duras), quelques fois à la littérature américaine (Steinbeck, Hemingway), ainsi qu’à la littérature anglaise (D.H. Lawrence, Austen).

Le fonctionnement du jeu est très simple et accessible à tous : chaque joueur a un pion sur le plateau et il avance lorsqu’il répond correctement aux questions. Parfois il y a des défis. Par exemple, il faut compléter une citation ou définir un genre. Le jeu appelle aussi à une certaine créativité : les joueurs doivent parfois mimer un personnage ou un titre.

Le jeu est bien plaisant et court, mais les joueurs doivent posséder une solide base en littérature. Les questions sont parfois très pointues, et les mots exacts doivent être fournis. Au reste, on peut apprendre beaucoup.