Expozine, bien plus que de la BD

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Par Marie-France Mercier
lundi 24 novembre 2014
Expozine, bien plus que de la BD
Illustration de la communauté de Kangiqsujuaq de Michel Hellmer. (Courtoisie photo : Michel Hellmer)
Illustration de la communauté de Kangiqsujuaq de Michel Hellmer. (Courtoisie photo : Michel Hellmer)
Le salon Expozine, tenu les 15 et 16 novembre derniers à l’église Saint-Enfant-Jésus sur le Plateau Mont-Royal, a été l’occasion pour les amateurs de BD et de fanzines, ainsi que pour le grand public, de rencontrer petits éditeurs et auteurs. L’événement a donné lieu à des rencontres intéressantes, mais aussi à des découvertes originales, en supplément aux productions médiatisées et connues de la majorité.
Expozine est le moment de montrer des œuvres marginales, expérimentales et tirées à peu d’exemplaires.

Pour certains marchands et éditeurs, comme les représentants du collectif d’édition Sabotart, le salon était l’occasion de montrer le catalogue 2014 et de parler de leur ligne éditoriale centrée sur la lutte politique et sur la contestation. Sabotart fait surtout dans la poésie, l’art de rue et la photographie. Ce sont eux qui nous ont donné l’oeuvre collective On s’en câlisse. Histoire profane de la grève, printemps 2012.

Pour d’autres, Expozine est le moment de montrer des œuvres marginales, expérimentales et tirées à peu d’exemplaires. Chez la librairie et atelier La Passe, des livres artisanaux faits à la main sont exposés sur la table. Pour ne sauver personne de Laila Mestari en est un exemple : pages reliées avec fil, feuilles déchirées sur le rebord et rarissimes marques paratextuelles (informations sur le dépôt légal, l’éditeur, l’année).

De la poésie dans un pot Mason

À mon sens, l’œuvre la plus marquante de l’Expozine est Le carnet vide d’Audrey-Anne Marchand aux éditions Fond’tonne. Des poèmes sont écrits sur des petites cartes, lesquelles se trouvent enfermées dans un pot Mason. Ces cartes, on les pige au hasard.

Comme l’auteure me l’expliquait sur place, le pot est une métaphore utilisée pour représenter le sentiment d’enfermement ressenti face à la maladie d’une autre personne. Sur une carte, on lit : « j’accumule les voix off c’est plus facile / quand ta présence n’en finit plus de mourir / la torture est une histoire qui ne dort jamais ». Le pot mason sert peut-être aussi à conserver des morceaux du malade, « les petits riens qu’il […] reste ».

Avec cette œuvre, il est admirable de voir qu’il y a un retour au livre-objet. Il y a une volonté de faire du livre un objet singulier et rare, une œuvre à acquérir ici et maintenant. D’ailleurs, il n’existe que 75 exemplaires du Carnet vide.

Insolites et originales

En guise de fin, je dresse ici une liste de quelques œuvres étonnantes. J’ai découvert qu’il existait un projet collectif intitulé Nu dans lequel monsieur et madame Tout-le-Monde peuvent participer en envoyant des photos d’eux. J’ai croisé l’écrivain rimouskois Mathieu Arsenault qui vendait des cartes d’hockey (voir Doctorak, go! pour plus d’informations). Enfin, j’ai rencontré Michel Hellman qui m’a expliqué que la couleur noire dans les photos de son long poème visuel le Petit guide du plan Nord était fait de sacs à ordures.

Bref, il est remarquable de voir chez les jeunes auteurs, artistes et éditeurs un désir d’originalité. Ils passent soit par un détournement des matières du quotidien, soit par la marginalité. Enfin, ils font preuve d’une véritable verve.

À l’an prochain, Expozine !