Titre Manquant

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Par Pascaline David
mercredi 15 décembre 2010
Titre Manquant

Que dire de Cravate Club, la pièce présentée par Ludik Théâtre à la 5e salle de la Place des Arts, sinon qu’elle est profondément anti-cathartique ? Je me sentais relativement détendue à l’entrée de la 5e Salle. À la sortie, j’avais les nerfs dans le tapis.

 Je ne sais pas ce qui s’est passé, et la dame derrière moi non plus. « Je pensais que je venais ici pour rire », a-t-elle commenté. « Moi aussi », de rétorquer son amie. Moi non plus, je n’ai pas ri. Je pense même que j’ai grincé des dents, et que j’ai souhaité qu’elle s’achève au plus vite, cette pièce. Quelque chose s’est passé, le public ne s’est même pas levé pour ovationner au terme de la performance, ce qui, en contexte de théâtre, est plutôt rare.

Cravate Club, mise en scène par Patrice Coquereau, est présentée comme une comédie dramatique. Oui, si comédie implique aussi humour très noir et très lourd.

Connaissez-vous un être susceptible à l’extrême ? Côtoyez-vous un individu ayant la sensibilité à fleur de peau ? Cravate Club, essentiellement, est l’histoire d’une situation malaisante et angoissante générée par les réactions abusives d’un personnage à l’hyper-sensibilité maladive. Oui, tout ça.

Rapidement, l’histoire : Adrien (Didier Lucien) et Bernard (Mario Morin) sont associés en affaires. Adrien est le susceptible. Bernard est celui qui garde son sang froid. Adrien fête ses quarante ans, et Bernard ne peut assister à l’anniversaire surprise. Adrien veut savoir pourquoi. Bernard en vient à expliquer qu’il assiste au souper mensuel de son club. Adrien ne savait que pas son ami, associé et complice était membre d’un club. Il pique une crise de jalousie. Qui s’étaye et s’étoffe, s’élabore et évolue sur 1h35. Une crise qui n’en finit plus. Une relation qui s’envenime. Lourd.

Drôle, parfois. Il faut dire que Didier Lucien, drôle presque par défaut, est si intense dans son interprétation que ça déclenche quelques rires nerveux. Mario Morin, moins éloquent, traite son rôle plus mollement, et de façon moins convaincante.

Selon Aristote, la catharsis est l’épuration des passions par le moyen de la représentation dramatique : en assistant à un spectacle théâtral, l’être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux.  Selon moi, Cravate Club, ce n’est pas du tout ça, plutôt le contraire.

Bref. À voir, au goût.

Cravate Club est présenté du 14 au 23 décembre à la 5e salle de la Place des Arts.