Titre Manquant

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Par Pascaline David
jeudi 25 novembre 2010
Titre Manquant

Vous êtes tentés d’assister à la pièce de théâtre Éclats et autres libertés, présentée au Théâtre d’Aujourd’hui du 30 novembre au 4 décembre seulement ? Soyez avisés : la compagnie de théâtre Le Clou se spécialise dans la mise en scène d’oeuvres destinées aux adolescents – cette information ne figure nulle part, et surtout pas dans le communiqué de presse. «On trouve ça tellement bon, qu’on a décidé de le présenter ici quand même», nous informe MArie-Thèrèse Fortin, directrice artistique du  Théâtre d’Aujourd’hui avant le début du jeu. Une affirmation qui ne laisse rien présager de bon.

Sur scène, il y a de la couleur partout, des cubes, des draps et aussi des cordes et des moulinets. Quatre personnages adolescents se présentent, et les spectateurs ont déjà compris : voici la révoltée et le motivé, voilà l’indécise et le poète. Voici, voilà. Déjà, il n’y aura pas d’intrigue : voilà quatre jeunes en quête d’identité, qui prêchent en faveur de la différence tout en cherchant à trouver leur place dans le monde. Sur un des nouveaux sièges fraîchement cloués du  Théâtre d’Aujourd’hui, je suis propulsée dans le temps. Sur mon siège, je suis adolescente à nouveau. J’ai vraiment l’impression d’être en sortie scolaire ; ça me rafraîchit, agréablement. Au mieux, puisque la pièce est destinée aux adolescents, elle ne devrait pas durer trop longtemps.

Oeuvre écclectique montée sur une sympathique poésie abordant divers questionnements existentiels, Éclats et autres libertés est d’une charmante légèreté. Les acteurs font utilisation de la scène et de ses décors de façon dynamique et aérée. Étonnamment, malgré l’anticipation ayant suivi les dires de Marie-Thérèse Fortin, je me laisse un peu embarquer. Les personnages, stéréotypés à l’extrême, sont attachants : Peu profonds dans leurs interrogations adolescentes, mais attachants. 

Éternelle anarchiste, à grands coups de revendications anti-capitalistes, Lili (Ève Landry) ne convaint pas. Rêvant de battre des records et d’éxécuter divers exploits avec sa force mentale, Philémon (Kim Lavack-Paquin) fait sourire. Thibault (Philippe Racine), rêveur et littéraire, manque de conviction. Anaïs (Ève Duranceau), qui ne saisit pas trop quel est son rôle dans tout ça, est presque touchante.

Malgré tout, quelques moments sont intéressants. Il y a cette délicieuse scène pendant laquelle Lili scande la liste de ses oppositions sur When a Man loves a Woman, un air qu’elle n’a pas choisi. En général, les paroles chantées sur des airs d’ambiance contradictoire viennent agrémenter le résultat global. Mais il y a aussi l’interprétation, par Anaïs et Thibault, d’un passage de Fleurs du mal de Baudelaire, qui est bien jouée. Il y a Lili, qui joue une poupée de banlieue naïve et sans aspiration, qui est digne de mention, ainsi que l’absurde revue presse tenue par les autres personnages.

Si vous vous attendez à une catharsis, ne choisissez pas, surtout pas, Éclats et autres libertés. Cependant, cette pièce s’avère un bon moyen de subtilement moraliser votre adolescent, ou de vous rappeler celui qui que vous avez été.

 Texte : Marie-Josée Bastien, Mathieu Gosselin, Étienne Lepage, Jean-Frédéric Messier

Mise en scène : Benoît Vermeulen

Interprétation : Ève Duranceau, Eve Landry, Kim Lavack-Paquin, Philippe Racine.