Titre Manquant

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Par Audrey Gagnon-Blackburn
lundi 18 octobre 2010
Titre Manquant

Premier film de Charles-Olivier Michaud, jeune cinéaste québécois riche d’une vision bien à lui, Neige et cendres s’offre au public comme un récit troublant, touchant. Lauréat du grand prix du jury au Festival Slamdance de Los Angeles, l’opus raconte l’histoire d’un journaliste, Blaise Dumas, brillamment campé par Rhys Coiro, et son ami photographe David (David-Alexandre Coiteux), tous deux correspondants de guerre. En plein cœur d’un conflit armé dans un pays d’Europe de l’Est, ils tentent de survivre à travers les hostilités. De retour au Canada, se remettant peu à peu de son traumatisme dans une chambre d’hôpital de Québec, Blaise se remémore tranquillement les événements, jusqu’à réaliser que David n’a pu revenir avec lui au Canada.

Contenu dans une structure temporelle éclatée, Neige et cendres accorde son rythme à la mémoire de Blaise, aux éléments du passé qui reviennent un par un dans ses souvenirs. De la sorte, le spectateur arrive à comprendre en même temps que le personnage ce qui lui est arrivé et ce qui lui arrive. La précision du jeu de Rhys Coiro contribue pour beaucoup à la justesse du récit; on le sent tourmenté, vulnérable, victime de sa mémoire, refusant par instant la fatalité de son histoire. Sans jouer dans les trop connues superficialités des films de guerre, on n’essaie pas ici de romancer la chose ou de la dramatiser dans l’excès. Charles-Olivier Michaud trouve une façon de traiter avec vérité, voire humanité, un sujet qui semble souvent impossible de montrer de front. Si le film perd cependant un peu de finesse dans quelques détails de l’histoire qu’on aurait aimé voir un peu plus approfondis – certains pans de l’intrigue gagneraient certainement à être plus poussés –, il reprend toute sa force avec une photographie léchée et une réalisation habilement signée par le jeune réalisateur. Il travaille la profondeur de champ d’une façon ingénieuse, joue avec les limites de la netteté de l’image, en plus d’exploiter divers types de cadrages, dont plusieurs superbes gros plans. Cet esthétique participe derechef à exprimer l’intériorité trouble des personnages, tout en donnant une qualité unique à l’image. Au final, Neige et cendres offre une incursion touchante dans l’univers de deux correspondants de guerre, le tout enrobé dans une réalisation au visuel unique et intelligent.

Neiges et cendres est présenté le 15 octobre à 21h30 à l’ONF dans la sélection Focus/Québec du FNC. D’autres projections s’ajouteront à l’horaire.