Titre Manquant

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Par Leslie Doumerc
mardi 5 octobre 2010
Titre Manquant

Hirsutes sur votre tête, vos cheveux ne ressemblent à rien. C’est parce que vous fuyez votre coiffeur bien trop futilement bavard. Allez sans plus tarder faire un tour au théâtre La Chapelle. Dans sa création Crowning Glory, Colette Garrigan nous apprend qu’une coupe de cheveux peut nous transformer du simple pion à la Reine, sur l’échiquier de la vie. Il suffit de traverser le miroir. Après, éventuellement, on parlera de la pluie et du beau temps.

Colette est malicieuse

Pour assurer un one-woman show de 63 minutes sans bâillements des spectateurs, un certain charisme est requis. Cela tombe plutôt bien, l’auteure-interprète Colette Garrigan n’en manque pas. Elle toise le public de ces grands yeux bleu-vert malicieux, elle lui parle tantôt en français avec un accent irlandais, tantôt en anglais avec un accent…irlandais, toujours. Ce soir, elle est coiffeuse, elle est confidente, elle est conteuse. Elle passera derrière le miroir et confiera son histoire au début atroce d’enfant rejetée et à la fin heureuse de coiffeuse à succès. Un scénario à la Hollywood, pensez-vous. Colette Garrigan nie par cette jolie réplique calibrée qui plait beaucoup aux critiques culturels : « J’ai envie de m’éloigner des contes de fées et de m’approcher des contes des faits. »

En fait, qu’importe le scénario, ce qui marque dans cette pièce, c’est l’atmosphère qui y règne. À la fois naïve et dure, espiègle et angoissante, le spectateur se surprend un peu mal à l’aise. Ce même malaise que vous avez peut-être ressenti quand vous êtes passé du Alice au pays des merveilles de Walt Disney, à celui, plus véridique, de Lewis Carroll. Tiens donc, dans Crowning Glory, l’héroïne aussi s’appelle Alice…

L’ombre au tableau

Si la mise en scène fascine, c’est un peu grâce à Charleville-Mézières, cette modeste ville française qui a eu la bonne idée d’abriter l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette. C’est ici que Colette Garrigan a été formée avant de créer la Compagnie Akselere. Sur scène, quand elle interagit avec les objets et les ombres, on voudrait qu’elle ne s’arrête jamais ! Alors, forcément, on trouve que les passages entre ces moments de « transe » sont un brin fades.  Mais le solide travail scénographique de Sylvain Diamand fait oublier ce désagrément. À la fin, il reste l’impression d’avoir traversé le miroir, l’espace d’un moment, pour entrer dans un monde autre, malicieux et (s)ombre.

Crowning Glory est en représentation jusqu’au 9 octobre au théâtre La Chapelle, 3700, rue Saint-Dominique