200 000 rouges dans la rue

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Par Olivier.Simard.Hanley
mardi 3 avril 2012
200 000 rouges dans la rue
(Crédit photo : Pascal Dumont)
(Crédit photo : Pascal Dumont)

« Marche historique », « marée humaine », « manifestation monstre » : ils étaient 200 000 selon les organisateurs à arborer le rouge et à marcher dans les rues du centre-ville de Montréal le 22 mars dernier. Ce rassemblement est considéré comme l’une des plus grosses manifestations que le Québec ait connues. Il est porteur d’espoir pour un mouvement de contestation de la hausse des frais de scolarité à son apogée.

« Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! » Les clameurs de la foule ont résonné dans Montréal pendant près de quatre heures. Galvanisés par leur nombre invraisemblable, les manifestants ont paralysé une bonne partie du centre-ville. Figuraient dans la marche des bustes géants de Jean Charest en papier mâché, un immense cube rouge démontable et même des potences.

Le Dragon Rouge de l'Association de science politique et études internationales de l'UdeM était également de la partie.

 
Une mobilisation incomparable

« C’est une première dans l’histoire du Québec, une telle mobilisation», estime Denis Monière, professeur titulaire du Département de science politique à l’UdeM, contacté quelques jours après la manifestation. Cette manifestation évoque pour lui un « réveil de la conscience critique » qui dépasse le Québec pour rejoindre toute la société occidentale, depuis le Printemps arabe de 2011. «Il y a quelque chose qui bouge dans la conscience occidentale, une nouvelle conscience de résistance au discours dominant qui se manifeste », poursuit-il. Les luttes se multiplient, car « les gens n’acceptent plus le discours de la fatalité », conclut-il.

La manifestation monstre organisée par les Fédérations étudiantes collégiales et universitaires du Québec (FECQ-FEUQ) s’est déroulée sans aucune arrestation. Le rendez-vous était donné à la place du Canada à 13 heures En plus des dizaines de milliers d’étudiants collégiaux et universitaires, étaient présents une kyrielle de groupes militants tels que les Professeurs contre la hausse et l’Alliance sociale. Plus de mille étudiants représentaient la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) menée par la secrétaire générale, Stéphanie Tougas. Le cortège est arrivé vers 15 h 30 à la Place Jacques-Cartier, au Vieux-Port, où les manifestants ont continué à affluer pendant plus d’une heure.

La manifestation a réussi à rallier tous les protagonistes du mouvement étudiant, la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) s’est finalement jointe à la FEUQ et à la FECQ.

La police qui encadrait les manifestants n’a procédé à aucune arrestation.

 

« Il va falloir que ça brasse au Québec ! » a lancé Gabriel Nadeau-Dubois, son co-porte-parole, en incitant la contestation à monter d’un cran. Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ, et Martine Desjardins, présidente de la FEUQ, ont martelé l’importance de créer un Québec « plus juste et équitable ».

Des tensions malgré tout

Au moment des discours de clôture, Léo Bureau-Blouin souhaitait utiliser les haut-parleurs de la CLASSE à portée plus puissante. L’équipe de la CLASSE a refusé, ce qui a engendré une petite altercation. La CLASSE dispose d’un mandat de non-collaboration avec les autres fédérations étudiantes, mais a tout de même choisi d’adopter leur parcours de manifestation.