Titre Manquant

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Par Clementine.Roussel
jeudi 30 septembre 2010
Titre Manquant

A la sortie de la séance du film l’Armée Silencieuse, je rencontre Fabienne Colas, présidente officielle du Festival International du Film Black. Comédienne de profession, Fabienne Colas maîtrise l’art de théâtraliser la moindre conversation. Elle me lance d’un ton énergique et souriant : «mais faisons l’intrevue maintenant, je vous laisse préparer vos questions». Une entrevue se met en place : une chance de comprendre à quel point la culture black occupe une place dans la vie de chacun.  

Quartier Libre : Pourquoi avoir choisi le mot «black » et non « noir » pour nommer votre festival?  

Fabienne Colas : Utiliser le mot «black »permet d’éviter la confusion avec les films noirs dits policiers. C’est aussi une façon de faire comprendre facilement la thématique du festival aux anglophones.  

Q.L. : Pourquoi avoir choisi cette affiche?  

F.C. : L’image sur l’affiche représente une femme belle et sexy, pleine d’assurance mais doté d’un air innocent. J’avais pensé à une femme avec une méduse de cheveux en bande de film pour montrer qu’elle a des films plein la tête. Le résultat a confirmé mon idée. C’est une femme passe partout, elle est noire mais on ne sait pas de quelle origine. Elle s’adapte à chaque nationalité, donc au 25 pays représentés dans cette 6ème édition du Festival du Film Black.  

Q.L. : Quelle a été l’évolution du Festival du Film Black depuis sa création en 2005?  

F.C. : Quand je suis arrivée à Montréal il y a environ une dizaine d’années, je n’étais pas au courant de l’importance de la communauté haïtienne qu’il y avait ici. Et pourtant elle n’est pas des moindres ! À Montréal, il y a environ 100 000 haïtiens : c’est la plus grande communauté. J’ai donc eu comme volonté de créer un festival qui honorait les bons côtés d’Haïti pour éviter les clichés sur les conflits et les instabilités politiques. Le Festival du Film Haïtien est né. La 1ère édition a réuni 3000 personnes sur trois jours avec 40 films à l’affiche. La communauté haïtienne a très bien réagi et les médias nous ont plébiscités. Emile Castonguay et moi avons décidé d’instaurer une plateforme pour montrer différentes thématiques lors du 3ème festival. Le premier sujet portait sur l’esclavage contemporain. En 2008, nous avons abordé le thème vaudou avec 25 films sur ce sujet. La Presse a consacré quatre pages sur ce thème et sur le festival. Les répercutions de l’élection de Barack Obama nous ont confirmé qu’il était temps d’élargir le festival. L’année dernière, le festival s’appelait « Festival du Film Black de Montréal présente les films haïtiens ». C’est cette année, lors de la sixième édition que ce festival a pris le nom de «Festival International du Film Black ». Le projet a pris son temps pour évoluer et garde une place évidente pour Haïti. Il est passé de 40 films en 2005 à 128 en 2010. Cette année est la consécration de six ans d’effort.  

Q.L. : Quels sont les objectifs de ce festival?  

F.C. : Le but premier est de réunir les différentes communautés noires autour d’un évènement leur consacrant le premier rôle. Mais ce festival est multiculturel. Il a pour objectif de dévoiler la condition black aux autres nationalités. C’est un festival très ambitieux mais surtout audacieux. Nous prenons des risques car nous abordons des sujets très tabous qui ne touchent pas forcément la majorité du public comme l’hermaphrodisme ou l’homosexualité. Un autre objectif est de mettre les films du festival à l’affiche des cinémas. C’est le cas de l’Armée Silencieuse qui sera en salle au cinéma du Parc pendant le mois de novembre.  

Q.L. : Pourquoi les étudiants devraient aller voir les films proposés par le festival?  

F.C. : Les étudiants sont le public le plus important. C’est un public jeune et ouvert sur le monde qui a l’avantage d’être né sans préjugé contrairement aux générations qui les précèdent. Les jeunes sont l’avenir du festival car ils sont les plus réceptifs. Il est vital pour les étudiants de former leur éducation autrement qu’en allant en classe car les films présentés sont comme un cours de culture général. Les films du festival peuvent les aider à trouver des thématiques pour leurs travaux personnels ou leur donner un regard neuf sur les sujets abordés pendant leurs classes. Nous pensons d’ailleurs adapter le festival aux besoins des étudiants l’année prochaine.  

Le Festival International du Film Black a été créé en 2005 et inaugure sa sixième édition du 22 septembre au 3 octobre.

 

Films conseillés – les coups de cœur de Fabienne Colas :  

L’Armée Silencieuse (en salle en novembre au cinéma du Parc)

Skin (dimanche 3 octobre à 19h au cinéma Impérial)

American Faust (mercredi 29 septembre à 19h au cinéma du Parc, samedi 2 octobre à 16h au cinéma ONF)

Mandela Tribute (dimanche 3 octobre à 15h au cinéma du Parc)

Fleur du Désert (samedi 2 octobre à 19h au cinéma du Parc)

Now Boarding (vendredi 1er octobre à 21h au cinéma du Parc)

Hermafrodita (jeudi 30 septembre à 21h au cinéma du Parc, samedi 2 octobre à 17h au cinéma du Parc)  

Cinéma du Parc : 3575, Avenue du Parc, Montréal

 Cinéma ONF : 1564, rue Saint Denis, Montréal

 Cinéma Impérial : 1432, rue de Bleury, Montréal