13 résolutions, 13 verbes

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vendredi 22 janvier 2016
13 résolutions, 13 verbes
Marie Laberge est une dramaturge, une romancière, une comédienne et une metteur en scène québécoise.(Photographe : Jason Hargrove)
Marie Laberge est une dramaturge, une romancière, une comédienne et une metteur en scène québécoise.(Photographe : Jason Hargrove)
Marie Laberge, auteure phare de la littérature québécoise, célèbre ses 40 ans d’écriture avec la publication de son dernier essai : 13 verbes pour vivre. Sous couvert d’anecdotes personnelles, sa plume philosophe autour du bonheur. Une belle mise en scène de l’existence et de ces verbes qui vivent à travers nous.

Dans un monde à double vitesse, corrodé par le temps et ses superficialités, Marie Laberge marque un temps de réflexion : quels sont les verbes dont nous avons le plus besoin pour vivre ?

Jouir ouvre le bal : il est la quête absolue du monde, le verbe tout-puissant. Nous ne vivons pas pour exister seulement, mais pour jouir. Les battements de cœur, les débordements, les premiers émois… voilà tous les points d’exclamation qui ensoleillent une phrase. Bien sûr, après les épanchements survient l’intimité narratrice… la sexualité, de toute évidence, assiège les dernières pages et fait l’objet d’une analyse.

Croire. Trop vite confondu avec l’acte de foi, celui-là souffre terriblement du sens religieux qu’il véhicule. Marie Laberge tente ici de s’éloigner des conventions en redonnant à ce verbe une place centrale.
Il y a aussi tous ces verbes qui font peur : exprimer, quitter, assumer… leur intensité fiévreuse met face à l’inavoué. Exprimer, c’est laisser paraître, c’est vivre au-dehors. Quitter, lui, est une entorse sentimentale, un insolent qui flirte avec l’impossible ; tantôt amer, tantôt douloureux, il est une fracture de l’autre et même de soi. Assumer, enfin, est un marginal, un verbe courageux : sa vitalité impressionne, parfois nous dérange… finalement, c’est certainement lui qui nous aide le mieux à avancer.

Puis il y a ces mots trop sages et pudiques qui racontent l’Homme derrière la censure : douter, respecter, pardonner, apprendre… Ces indésirables, pleins de sobriété, évoquent nos imperfections, la vulnérabilité qui fâche. Marie Laberge nous parle ici de la nécessité d’agir et de retrouver l’humilité perdue. Par ses mots, on capitule devant l’erreur, on renonce à la mauvaise foi. Pardonner, par exemple, n’est pas l’expression de la servilité, mais de la paix retrouvée. On avance un pied devant l’autre.
Espérer, aimer… en voilà qui font sourire. Le cliché est tentant, mais derrière l’idéal du verbe jaillit surtout le ravissement de l’être, un élan courageux vers la vie.

Marie Laberge nous rappelle aussi que derrière l’action d’un verbe se cache un apprentissage. Un apprentissage de la vie. Respecter, ou encore pardonner, ne vont pas toujours de soi. Ils sous-tendent un effort et la volonté de bien faire. Pas toujours facile, mais il faut persévérer !

Enfin, il y a ces verbes qu’on ne comprend pas tout à fait, trop loin de nous, sans doute : vieillir et mourir. C’est la sagesse qui parle, la maturité que nous apporte le temps. Car vivre, c’est aussi mourir, en accepter l’idée. 

En ce début d’année 2016, 13 verbes pour vivre est là pour réconforter notre vision du monde. Un livre sans prétention, qui fait du bien et qui nous ramène à l’essentiel. 13 verbes, 13 résolutions !